100 femmes ont été tuées par leurs conjoints en France en 2020.  Ce chiffre est en baisse par rapport aux 146 victimes de 2019 mais il est trop tôt pour célébrer un renversement de la tendance.

Certes, le regard que la société porte sur ces violences et ces crimes a changé ces dernières années. Le mot “féminicide” est aujourd’hui reconnu et intégré. Les violences conjugales ne sont plus vues comme de simples disputes, des faits divers ou des crimes passionnels. Les gens commencent à réagir différemment à la violence, en particulier les voisins et l’entourage. Ils sont plus en mesure de détecter la violence contre les femmes, d’en parler et d’agir.

Les mesures prises à la suite du Grenelle en 2019 vont dans la bonne direction bien que la France reste encore loin derrière l’Espagne en ce qui concerne la mise en œuvre de mesures de protection des femmes. En effet, si des mesures de protection supplémentaires ont été mises en place en France, ce n’est pas encore systématique. La justice française n’émet quelque milliers d’ordonnances de protection contre 30 000 ordonnances par an en Espagne… D’autres mesures tardent également à être déployées. Seuls 1 260 téléphones d’urgence ont été distribués aux femmes en danger à la fin de 2020 et 17 bracelets électroniques d’éloignement des conjoints violents remis à la mi-janvier – dont seulement huit sont actifs. Des chiffres dérisoires au regard des quelque 225 000 femmes victimes de violences conjugales chaque année.

La baisse des chiffres des féminicides viendrait non pas du dispositif du Grenelle mais plutôt de baisse des séparations. Beaucoup de femmes qui subissent des violences n’ont pas pu quitter leur conjoint à cause du confinement et de la baisse de leurs ressources dûe à la crise. Or, une part importante de féminicides a lieu après ou au moment de la séparation. En revanche, selon les données de l’ONU publiées fin septembre 2020, les confinements ont entraîné une augmentation des plaintes ou des appels à dénoncer les violences domestiques dans le monde entier. En France, une hausse de 30 % des plaintes a été enregistrée.

Reste à savoir comment le nombre de féminicides est compté et sur quels critères.  Si l’on définit le féminicide en prenant en compte le meurtre sur la base du sexisme, cela permettrait d’avoir une définition bien plus large que les homicides conjugaux et permettrait d’intégrer les homicides commis dans couples qui ne résident pas ensemble, l’assassinat des femmes qui ont refusé des avances et celui des prostituées. Or, à ce jour ces cas là ne sont pas comptabilisés.

En attendant, depuis le 1er janvier, il y a déjà eu six féminicides en France, dont trois depuis le 27 janvier, selon le décompte du collectif Nous Toutes… Il est urgent d’agir !